.
On appelle équinoxe de printemps, ou d'automne en septembre, ce moment où lune et soleil alignent leurs trajectoires dans le ciel terrestre en nous offrant des nuits aussi longues que des jours. Européo centrisme, bien sûr. Au Costa Rica, la saison en cours s'appelle verano, l'été, car c'est la période la plus chaude de l'année avec le soleil à la verticale.
Le grand balancement des marées induit par la conjonction des astres s'accompagne d'une hygrométrie élevée, et l'on passe la journée à se demander si les vêtements sont mouillés par l'humidité ambiante ou par la production de sueur des corps. Un tico de passage, comme moi, peut toujours gamberger sur la qualité conjoncturelle, structurelle ou cataclysmique de cette élévation des températures. On fait comme les ticos, on ralentit. Mais on vaque à ses obligations journalières et on produit quand même !
Comme par exemple le premier jeu de réparations effectué par Dagoberto, dit Gato, le chat, un des menuisiers qu'on trouve au chantier du CRYC. Pour la remise à neuf de l'encastrement de l'évier. Le remplacement du bordé avant babord arraché au large de Quepos - en attendant l'arrivée d'un nouveau chaumard depuis les ateliers d'impression 3D de l'Herbaudière.
Et la remise d'aplomb de l'escalier de descente, dont la dernière marche avait cédé sous le poids de l'âge.
Pour la Capitaine, ça a été la clôture de l'opération de renouvellement du passeport. Je vous épargne la montagne de documents administratifs variés - français aussi bien que ticos - que je collectionne. Je suis repassée au consulat à San José pour le récupérer.
Du coup, histoire d'avoir un visa flambant neuf - et pour six mois s'il vous plait, je suis aussi passée à Paris...
à Castelmoron...
et à Noirmoutier, pour y saluer parents et amis.
J'en ai rapporté quelques perles...
Une capitaine en préparation...
Un Amiral (ou Général ?) en formation familiale ...pas dans son atelier de boiseries pour Nimic II, mais en patrouille de Mirage 2000 !
En rentrant on a repris le rythme. Et l'on ne peut que s'interroger sur la fragilité de la société tico. Parapluie américain ou fierté nationale d'une constitution abolissant les forces armées ?
Douceur de vivre d'un micro-climat somme toute avenant et d'un territoire riche en biodiversité - ou soumission aux impératifs d'une économie fondée sur le tourisme écologique ?
En réalité, le salaire minimum - environ 700 USD, celui que perçoit l'immense majorité des travailleurs - ne permet pas à une famille de survivre. Mendiants permanents ou d'occasion, estropiés et autres oubliés du système social envahissent les trottoirs des rues de province, et l'accès aux sites touristiques. C'est ici qu'on trouve aussi les élites locales, hauts fonctionnaires ou entrepreneurs - qui arrivent le week-end en hélicoptère dans les marinas, pour mettre en valeur les visiteurs gringos en essayant de se hisser à leur niveau de richesse. C'est ici qu'a été inventé le concept de république bananière.
Quant aux populations autochtones, elles ont été quasi exclues de l'éducation.
Une manière salée-sucrée de s'abstraire la réalité mondiale ? Ou de se protéger de ses brûlantes convulsions ?
J'ai toute liberté d'oublier tout ça, avec mon statut de privilégiée. Reste néanmoins à remettre Nimic II en état de navigation hauturière, et c'est pas gagné : l'étanchéité des tubes de pompes est un préalable qui sera traité cette semaine - si le rendez-vous est honoré ; ensuite on décidera de changer ou non la grand-voile ; et enfin on s'occupera à toutes les avaries intempestives, histoire d'attendre la prochaine fenêtre de navigation australe. Je vous salue bien !
dimanche 17 mars 2024
Eté tico
Par Agate le dimanche 17 mars 2024, 20:49 - Saison 2024