Le blog de Nimic II

Le marin au sec reste à l'écoute de ses confrères et consoeurs sur les pontons pour assouvir ses rêves humides ;) Aussi quand l'une d'entre elles cherche une équipière pour rentrer son canot à son port d'attache, on se dit que c'est l'occasion de compléter ce Voyage à Nantes initié ici et là. Sitôt embarquée sur Ticia, j'annonce à Emilie que j'aimerais faire une photo de cargo sous le pont de Saint-Nazaire, à quoi elle rétorque qu'elle prèfèrerait éviter la rencontre ! Et justement alors que nous passons sous les arches deux remorqueurs annonçant un énorme porte-conteneurs passent pleine balle en dégageant une non moins énorme vague d'étrave dont ils nous avertissent d'un coup de trompe compatissant, et qui me mouille jusqu'à la taille alors que je suis imprudemment assise sur la plage avant pour photographier. Ce n'est qu'une fois vaillamment franchi l'obstacle qu'Emilie arbore ce sourire éclatant pour remplacer des froncements de sourcils inquiets.



La suite du périple fut plus calme, et organisée par la nécessité de ménager le vieux Volvo d'origine qui propulse le Chassiron d'Emilie, entièrement rénové par ses soins. Après avoir remonté les malodorantes zones de transformation chimique qui font croire à un nouveau crâmage de la turbine de refroidissement, l'embarcation est poussée par le flot de grande marée dans les sinuosités de l'estuaire de la Loire, balisé de vestiges industriels ou d'oeuvres du Voyage à Nantes...



...équipé de moyens de transbordement archaïques...
...et offrant des haltes paradisiaques pour passer la nuit dans l'estran vaseux dévoilé par le marnage de vive-eau...

...ou encore le havre recherché des pontons de Trentemoult. Merci Ticia de la découverte :)

La météo l'avait promis, l'humeur du ciel semblait bien le confirmer et on n'y a pas coupé : la pluie passe à l'horizontale dans la rue devant ma fenêtre et masque le bout du port, sous un tintamarre de bourrasques et de coups de tonnerre. On espère que Michel, notre visiteur d'aujourd'hui, n'a pas essuyé le grain au cours de sa traversée vers Yeu.
On s'assure que les ouvriers actifs sur la darse ont eu le temps de se mettre à l'abri... Et on souhaite que ce retournement des conditions atmosphériques n' interrompe pas l'ardeur de nos chaudronniers... ;)


Comme pour donner raison à ma première inquiétude... Lorsque je suis sortie juste après l'orage pour fermer les écoutilles de Nimic imprudemment laissées ouvertes pour aérer avant la nuit, j'ai vu sortir Esilab, le bateau des phares et balises, ainsi que la vedette de la SNSM, qui se dirigeaient au large du Pilier, vers le sud... Et j'ai du coup constaté que de tous nouveaux pontons sont arrivés au quai des Officiels, justement en cours d'installation "entre deux orages" ;)

Les chantiers de Saint-Nazaire ne produisent pas que des paquebots géants, comme j'ai pu le constater tout à l'heure en allant chercher la mèche de safran toute neuve qui vient d'être fabriquée sur mesure pour Nimic II par un atelier d'usinage du crû. Merci à Hervé, l'artiste, et à Jean-Marie, l'entremetteur ;)

A cette occasion, j'ai eu droit à une visite guidée complète du site, avec ses formes à demi pleines de portions de navires sous portiques géants...

ses arches surnuméraires sur vasière à marée basse...

et ses monstres marins en queue de Voyage à Nantes !

Grande marée, le temps va bientôt changer, mais surtout la transhumance d'automne des plages vers les écoles a commencé... et les voiliers-école quittent leur mouillage vers leur zone d'hivernage. Pour le petit Nimic, c'est le retour vers les hangars du chantier des Ileaux à Noirmoutier, avec un équipage de compétition convoqué pour l'occasion ;)

On côtoie les grands voisins...

et grâce à l'aide d'un complaisant marin doté du moteur ad hoc pour remonter vent debout le chenal du port, on se glisse à l'abri des vieilles coques qui embellissent la vasière.


Quant à Nimic II, il se soumet patiemment au chalumeau qui va lui redonner une nouvelle jeunesse !

Feuille d'huître ? Choux-fleur pluriels ? C'est une expérience gustative unique qui accompagne le déroulé du menu d'une toute jeune équipe de restaurateurs, la Maison des Toqués, qui vient de s'installer juste au-dessous de chez moi. C'est au titre de l'établissement de bons rapports de voisinage que je m'y suis régalée aujourd'hui : soupe de melon et terrine de homard ; médaillon de homard et sa farandole de choux-fleur ; lieu jaune avec risotto aux girolles : des produits ultra-frais fournis à la criée et un assortiment exquis de saveurs nouvelles, le tout servi avec classe et finesse pour un prix très raisonnable.


On est d'autant plus assuré d'y revenir que ces Toqués manifestent l'intention de rester ouverts toute l'année ! C'est que, côté mer comme côté terre, l'Île garde ceux qui ont découvert ses multiples facettes.

Où rencontrer les vaillants bénévoles du sauvetage en mer ? Où se faire sanctifier des dévotions à la mère de tous les sauveurs, pourtant depuis longtemps ignorées ? Où se faire écorner les oreilles d'hymnes sacrés aussi bien que de chansons de marins à la mer ? Où déguster des sardines fraîchement pêchées et impeccablement grillées ?

A la fête de la mer, un 15 août, sur le port de l'Herbaudière, bien sûr !

Un spectacle vivant et permanent ;)

Les hublots de la plage avant ont retrouvé un petit air de neuf et le plafond du carré son étanchéité, bravo l'artiste !

Ce n'est qu'un début, continuons le combat... contre la corrosion !

Tout ce que la côte sud entretient de frères, pirates, corsaires ou galériens semble prendre refuge à l'Herbaudière !




Que se passe-t-il ? Tout simplement le début de la semaine des régates du bois de la Chaise, qu'on s'active à préparer ;)

Quand on s'échappe de Noirmoutier par la terre, on passe souvent par Nantes. Et là, on rencontre toutes sortes de créatures fantasmagoriques.


On s'étonne du culte assidu qui leur est porté. Toute la sagesse de l'orient sera convoquée pour tirer le sens de ce surprenant bestiaire ;)

Cette méditation nourrira notre éloignement de quelques jours :)