Réveillon à la mer
Par Agate le samedi 5 janvier 2019, 23:42 - Saison 2019 - Lien permanent
On a largué les amarres à la Saint-Sylvestre en début d'après-midi, avec une
météo maussade quoique prometteuse : peut-être une dizaine de jours en
régime d'est garantissant une calme traversée du golfe et une descente vers les
Canaries dans les meilleures conditions. On passait la bouée de la Grise avec
toute la voilure établie au portant sous pilote. Route au 220, la mer est
belle, le vent léger, la vitesse entre 4 et 5 noeuds, c'est l'euphorie du grand
départ. Ça n'a pas duré.
Dès la tombée de la nuit, soit deux heures et demie sans charge au moteur, on
notait une baisse à 88% de la charge du parc des instruments de navigation, qui
reçoit pourtant en priorité les imports des panneaux solaires (manifestement
inopérants avec ce ciel plombé) et de l'hydrogénérateur (pourtant en situation
favorable d'autant que la vitesse augmentait à six noeud avec le vent
forcissant). Le moniteur donnait une autonomie de 10 heures. On est alors passé
en couplage avec le parc de batteries lumières histoire d'améliorer notre
autonomie, soit 22 heures dans ces nouvelles conditions. Et puisqu'on était
parti pour réveillonner en mer, on décidait de ne décider que le lendemain
;)
A l'heure de l'extinction des feux le 1er janvier, on a découvert une
hirondelle de mer transie dans le cockpit, on lui a promis de la ramener à
terre. L'autonomie était passée à 13 heures, et le ciel commençait à
s'éclaircir, laissant espérer l'apparition du soleil et l'apport d'énergie par
les panneaux solaires. On a alors lancé une requête météo. Ca nous a pris vingt
minutes de connexion satellitaire tout de même, pour constater une dégradation
des conditions au niveau de la Corogne. La raison était de rentrer à
l'Herbaudière. Pour ramener l'hirondelle au sec, bien sûr.
Chacun aura deviné que, du
coup, il fallait rentrer au près. Nos dix-huit heures de grand largue babord
amures se sont soldées par soixante heures de près en tirant des bords à
voilure progressivement réduite dans le vent forcissant, pour se terminer le
dernier jour avec deux ris dans la grand-voile et la moitié du foc enroulé,
avec 20 à 30 noeuds de vent et une mer agitée. Heureusement le bateau navigue
tout seul barre amarrée dans ces conditions, plus besoin de pilote, et comme le
soleil est apparu le 2 janvier, les batteries se sont stabilisées à 70% de
capacité. Ouf !
Après un coucou au Goulphar, Nimic II a croisé sa route à la bouée de
la Grise pour rentrer avec le flot dans la nuit du 3 au 4 janvier. La capitaine
a connu un grand moment de solitude pour l'arrivée au ponton de nuit par vent
d'est de 20 noeuds. Le bateau s'est retrouvé en drapeau par l'arrière, il a
fallu une demi-heure de reprise d'amarres pouce à pouce pour regagner sa place
au ponton visiteurs, sans casser personne dans le port
L'hirondelle est arrivée vivante, mais pas bien en forme. Peut-être ses mânes
nous ont-elles jeté un sort, parce que le lendemain, en complétant mon
amarrage, je me suis retrouvée à l'eau, juste à l'endroit où je l'avais
délicatement déposée pour qu'elle rejoigne les éléments de l'univers.
Epilogue. On a peut-être trouvé une explication à la défaillance de
l'hydrogénérateur : un des boulons de fixation a sauté ! Cela vient
compléter la liste des menues défaillances que ces trois jours de mer ont
apportées, et qu'on va s'attacher à réparer en attendant la prochaine fenêtre
météo et les visites de nos amis.