...tel est le taux d'activité d'une mamie septuagénaire, en zone tropicale humide agrémentée par El Niño et le changement climatique ! De fait, quand je travaille à la préparation de la peinture de la coque (de préférence le matin à la fraîche), je suis tellement fatiguée au bout de deux heures que je mets deux jours à m'en remettre. Parce qu'en ce moment, même la nuit, les températures ne passent jamais sous les 30°C, et dépassent largement 40°C au plus fort de la journée, ce qui me transforme en serpillère à essorage multiple. Je dors peu. Outre les moustiques ou autres bugs invisibles, je suis assaillie de diverses courbatures et douleurs musculaires dont il est difficile d'affirmer qu'elles sont causées par la déshydratation, le manque d'entraînement au maniement des outils abrasifs et autres pinceaux, ou simplement mon (dés)équilibre thyroïdien.
Ma combativité est intacte ! J'ai dérouillé le fond de la cambuse, où m'avait amené ma chasse quotidienne à la colonie de cafards qui s'est installée dans les isolations en polyuréthane en remontant par l'évacuation de l'évier.
J'ai vaincu la quasi-totalité des piètements des chandeliers de la filière du pont, qui d'ordinaire pissent allègrement la rouille. Et j'ai définitivement pris le contrôle de la boîte dorade du poste avant. Notez bien, je vous annonce ça un mois seulement après avoir repeint... Il a bien plu depuis, ce qui donne de l'espoir, mais nous ne sommes pas encore passés à l'épreuve de l'eau de mer. Il faut bien s'encourager, non ? La rouille s'invite un peu partout, comme par exemple derrière le piètement du nable du réservoir de fuel... Et là, bonjour pour la dénicher !
Ah... j'ai aussi reçu les nouveaux coussins du carré, ce qui m'a valu en prime un échange ferme avec le tapissier qui voulait faire valoir ses talents d'accompagnement de dame esseulée ;) Il a échappé à une belle dérouillée, celui-là !
A côté de Nimic, il y a le travel lift du chantier, qui reçoit lui aussi son lifting périodique. Il a maintenant l'air quasi neuf, de quoi lui confier son bateau sans hésiter, hehe !
Et de toutes façons, puisque - par la force des circonstances - je suis maintenant abonnée à V&V, haha, je constate que le match acier/fibre de verre tourne décidément en faveur du premier de ces matériaux, merci Papa ! Il n'y a plus un seul numéro sans récit sur le vif de l'attaque d'un troupeau d'orques au safran d'un voilier de croisière, ou encore du naufrage d'un autre à cause d'une collision avec une baleine. En synthèse, l'acier fait des bosses et reste étanche là où la fibre casse et ouvre des voies d'eau incontrôlables. Mais l'acier, il faut l'entretenir soigneusement, et ça fatigue !
Tout ça pour dire que Nimic retrouve progressivement un petit air de neuf, alors que nos trois mois de nav depuis la dernière peinture à Chaguaramas avaient prouvé que j'y avais été trop impatiente : les nouvelles tôles laissaient apparaître un voile de rouille, par manque de primaire à leur première peinture.
Mais ça demande de l'énergie et du temps ! Du coup, il faudra que j'aille encore faire un petit tour en dehors des frontières (Panamá, Nicaragua, Guatemala, France ? Je n'ai pas encore décidé, soyez prêts à tout !) pour renouveler mon visa tico avant de reprendre la mer...
PS : A l'heure où je poste, selon le principe du 1/24, je pensais me remettre au travail sur la coque... Mais il pleut sans arrêt depuis vingt-quatre heures ! En pleine saison sèche ! C'est une incitation à l'oisiveté, ça, non ? Ou à la mobilisation militante, peut-être...