Puerto Quepos
Par Agate le samedi 11 novembre 2023, 02:53 - Saison 2023 - Lien permanent
On vous avait promis les Galapagos.
On a pas tardé à déchanter.... Pourtant le départ était superbe, accompagné de Timour pendant la descente du rio Puntarenas vers la pointe. Il y a même eu un peu de vent pour hisser confortablement la grand voile avec un ris en prévision des orages, ainsi que l'artimon, et dérouler le génois pour sortir de la baie en tirant des bords contre la brise de mer.
On voyait déjà s'élargir le panorama du grand large quand la réalité m'est tombée dessus comme un sac de plomb : ça ballotait de l'eau dans les fonds, jusqu'aux planchers ! La grosse pompe Edson à main soufflait comme un vieux cheval sans sortir une goutte, la pompe automatique électrique avait manifestement abandonné tous ses devoirs... Après un moment de panique au cours duquel j'ai quand même vérifié toutes les vannes, j'ai pu résorber le niveau au seau rempli à l'éponge dans le puits du moteur, lequel était heureusement resté à quelques millimètres au-dessus du niveau de l'eau.
Un appel d'urgence sur le canal 16 m'a fait connaître l'existence des services privés de sauvetage en mer, qui sont arrivés à moi alors que j'avais déjà atteint Herradura, et mouillé à l'endroit exact où j'avais séjourné en début d'année. Les muchachos de la SNSM locale avaient l'air bien dépités que je me sois sortie d'affaire toute seule....
Après une nuit à récupérer de mes émotions en vérifiant qu'il n'y avait plus d'entrée d'eau, un matin à consulter divers contacts - pas question de départ sans avoir remis en fonction les pompes de cale, nous avons fait route vers Quepos ! Même si c'est moins loin
avec moins de lettres, au moins ça rime avec Galapagos... ;)
Ah, j'ai oublié de vous dire... le départ, c'était un vendredi 13...! Et pour confirmer la malchance, alors que, le lendemain, nous n'étions plus qu'à un mille de Quepos dans le tout petit temps, un éclair soudain a frappé la mer à deux cents mêtres du bateau et déclenché un énorme orage obscurcissant tout. Je me suis précipitée à l'abri dans la cage de Faraday de la cabine. Ca a duré une heure trente, où j'ai lutté pour nous éloigner de la côte.
Bilan : une grande déchirure horizontale dans la grand-voile, juste au-dessous de la deuxième bande de ris.
Après avoir passé le week-end au mouillage devant le parc naturel Manuel Antonio - la plage Byzance, ça ne s'invente pas ! nous voilà maintenant à faire le bouchon depuis trois semaines à Puerto Quepos, au raz des digues en blocs de béton de la marina à 200 dols la nuit - qui ne reçoit pas les bateaux en avarie de pompe.
On se fait snober par les pêcheurs sportifs et autres embarcations de tourisme qui en sortent comme d'un lance-pierre... et parfois on compatit aux déboires d'un encore moins fortuné, qui aura été au corps-mort comme nous, jusqu'à se retrouver six mètres sous l'eau mais toujours au corps-mort... pour avoir oublié une vanne !
On fait quelques descentes à terre histoire de découvrir les quartiers favorisés dans les hauteurs, la petite ville de Quepos avec ses boutiques de réappros - où les tarifs sont moitié moins chers qu'à Puntarenas - et le village de mangrove mitoyen de Cocal - l'équivalent comme lieu de perdition de Fray Casiano à Puntarenas .
On bénéficie de l'attention des équipes de pêcheurs et mareyeurs professionnels qui tournent par tous les temps jusqu'à l'autre côté de la baie.
Parfois, on se recroqueville à bord en espérant que les amarres tiendront jusqu'à la fin du coup de chien.
Et on entretient la bonne entente avec l'équipe de sécurité de la jetée du ferrocaril désaffecté, histoire d'avoir les soutiens indispensables en cas de coup dur.
Et bien sûr, on prend le temps de connaître la faune locale.
PS... Difficile de faire passer en photos la brusquerie d'une averse tropicale !