Bien plus qu'une hésitation, c'est un empêchement provisoire... car les mouvements de mouillage au CRYC dans le rio restent intimement liés à ceux des marées sur la plage derrière le cordon dunaire, cinquante mètres plus au Sud. La nuit le roulement des vagues à marée haute me tient éveillée. Le jour je guette l'émergence des écueils envasés pour choisir le moment de mes randonnées sportives sur la plage. L'objectif, être au meilleur état de santé et de navigation pour reprendre la mer en temps opportun, septembre ou octobre, pour ensuite être au rendez-vous de la belle saison en décembre en Patagonie. Je sais, ça fait deux ans que je dis ça... Mais est-ce maintenant que je vais entreprendre une traversée du Pacifique vers l'Ouest, quand le monde devient de plus en plus fou et incertain, pouvant exploser d'un jour à l'autre ? Les turbulences océaniques semblent beaucoup plus prévisibles. Le jeu consiste alors à passer entre les dépressions...!
Donc, dans le rio, je m'affaire aux petits et grands détails de la navigabilité de mon embarcation.
En tentant de mettre un terme à l'occupation des cafards, ici dans la cambuse.
En faisant changer le plan de travail de l'évier, prévu trop faible il y a deux mois.
En débouchant le vide-vite du cockpit, encombré de divers matériaux sylvestres... à l'aide du vieux couteau de travail de l'amiral emmanché sur la gaffe. Parce que l'outil standard pour canalisations n'était manifestement pas à la hauteur de l'enjeu.
En prévoyant la soudure de rondelles de blocage sur la tête des boulons de la pompe, inaccessible aux outils standard.
En me débarrassant du boa constrictor.
En apprenant à cuisiner les légumes locaux.
En renouvelant les rideaux du bord qui ont fait leur temps.
En installant le nouveau chaumard sur le bordé avant babord.
Quand la météo ou les circonstances m'en laissent loisir, je m'occupe à la plage.
Je peux aussi m'intéresser à la ville.
Et bien sûr, tout est lié... Comme un essaimage de guêpes porté par les vagues, que je retrouve ensuite sur le bateau !
Ou l'angoisse d'un résultat d'élections, vu de la ville ou de la plage...
PS : Un matin j'ai trouvé un iguane se promenant sur le pont. Comme est-il arrivé ? A pied, pardi !... en empruntant le pont de bois flottés qui s'était formé la nuit dans les amarres du ponton, à la faveur de la conjonction des pluies diluviennes de saison et des grandes marées.
PS2 : Le temps de mettre en forme ce billet, j'ai emmagasiné d'autres photos sur la plage...
...à l'est vers le continent, où se terminent les travaux d'aménagement de la voie rapide qui va transformer les maisons de plage en taudis de ville...
...et à l'ouest vers Puntarenas et le bout de la presqu'île. Certaines de mes rencontres antérieures m'y ont accompagnée.
De la plage, je vous salue bien !