Adios Quepos ! Hola Punta !
Par Agate le samedi 27 janvier 2024, 20:27 - Saison 2024 - Lien permanent
Il a fallu s'y résoudre... Après presque trois mois passés en baie de Quepos à vainement essayer de produire un plan de travail crédible avec la marina Pez Vela, et devant les coûts exorbitants que cela impliquait - 200 USD pour chaque nuitée... Après avoir bataillé avec Jorge le maître des corps-morts à vainement tenter de lui faire admettre que la sûreté du mouillage dépendait du rapport entre le poids posé au fond et celui du bateau qui en dépendait...
Nimic II et moi avons repris la mer vers Puntarenas et l'abri fluvial du Costa Rica Yacht Club. Ici au moins on sait ce qu'est un voilier et ses besoins techniques.
Bien sûr je n'oublierai pas la jolie petite ville de Quepos, son malecon avec vue sur la baie, ses hauteurs embourgeoisées et ses plages secrètes.
Bien sûr vont me manquer les magnifiques couchers de soleil sur le Pacifique... avec leurs hordes d'admirateurs !
Bien sûr je remercie tous nos nouveaux amis de la jetée de l'INCOP, et les équipes de la Martec qui y font le show.
Dès le début du trajet dimanche matin j'ai fait deux rencontres.
D'abord mon premier grand cétacé - quatre mètres de longueur environ - en poursuite du bateau et en photos...! Mais je n'ai pas la moindre idée de quelle espèce il s'agit, les commentaires sont les bienvenus.
Et puis, deux heures à peine après le dérapage, à environ cinq milles en pleine mer, est apparu sur l'horizon un alignement de constructions au raz de l'eau, comme une cité de HLM. Au beau milieu j'ai reconnu la silhouette du San Luis, l'un des bateaux de la Martec qu'on voit régulièrement à la jetée de l'INCOP à Quepos. J'ai compris que nous allions doubler la "ferme marine" de la Martec, dont les jeunes équipes embarquent tous les matins sur la jetée pour aller travailler derrière l'horizon.
Et je pense maintenant que c'était les mêmes installations - sans signal AIS, sans indication sur les cartes - que j'avais aperçues au milieu des embruns en approchant Quepos pour la première fois il y a trois mois, dans la tempête nocturne qui a arraché la grand-voile. Nous avions eu beaucoup de chance d'éviter d'en cogner l'un des éléments.
Une fois ces émotions passées, la navigation s'est installée. Soleil de plomb sur le Pacifique, vent erratique... Je me disais que j'en avais pour un moment, d'autant que je ne voulais pas tirer sur le moteur par cette chaleur et à cause du désamorçage de la pompe du réservoir journalier... C'est l'un des travaux en suspens.
Au départ j'avais annoncé au Yacht Club mon arrivée pour lundi soir ou mardi matin, car à l'imprévisibilité s'ajoutait l'obligation de naviguer avec deux ris dans la grand-voile, puisque la déchirure est horizontale complètement en travers juste en dessous de la deuxième bande de ris.
En fin de journée nous étions au large de Herradura dans la brise faiblissante. Et puis, dès le coucher du soleil, s'est installée une splendide thermique de quinze à vingt noeuds, qui nous a propulsés à une moyenne de sept noeuds, au près bien sûr pour rentrer dans la baie de Nicoya. Tirer des bords dans un vent en bouffées d'air chaud et frais, qui tourne dans le bon sens sous la lune presque pleine, sur une mer quasi-plate et tiède comme une baignoire... quoi de plus jouissif pour un bateau tout couturé, pour une capitaine en interrogations ?
Nous sommes arrivés dix heures plus tard en vue de Caldera. Lundi donc, au point du jour nous avons doublé les cargos au mouillage. Et au lever du soleil nous demandions le pilote du Club pour la pleine mer à midi à l'entrée du rio Puntarenas. Il ne restait plus qu'a se laisser dériver doucement en attendant l'heure...
Alors voilà... Nimic et moi avons retrouvé nos amis - comme une famille - au Yacht Club. Et nos habitudes au ponton flottant pour le bateau, en balade sur la plage pour moi.
Une fois que j'aurais récupéré mon nouveau passeport au consulat de San José, ce lundi, une fois ma situation régularisée auprès des services des Migraciones, ce mardi, j'espère passer enfin trois mois productifs pour remettre Nimic II en état de voyager.