Semana santa
Par Agate le jeudi 4 avril 2024, 22:16 - Saison 2024 - Lien permanent
"Si tu as un problème, dis-le à Dieu !" Inscrit profondément dans l'esprit des ticos, ce mantra est le baume miracle des difficultés, grandes et petites, du quotidien. La semaine sainte est le temps de la respiration pour les humbles, les administrations sont en congé, les commerces en suspens, les travaux au point mort. La tradition veut que la météo y soit maussade.
J'aurais bien voulu poster ici une photo du magnifique serpent noir et brillant sous la lune que j'ai trouvé lové sur la pile d'avocats à mûrir sur le pont, alors que je vidais par-dessus bord mon lot quotidien de cafards. Cinq centimètres de diamètre, plus d'un mètre de longueur, le temps que je retrouve mes esprits il avait disparu dans la nuit. Une couleuvre, m'ont dit ensuite les gardes du Yacht Club... Elles nagent dans le fleuve depuis la mangrove et montent à bord le long des amarres. Certains, les plus en difficulté, pensaient à un mauvais présage.
Comme on était le vingt mars, jour du printemps, j'ai quand même vérifié que le quatre-vingt-dix-huitième anniversaire de notre ailleule favorite s'était bien passé. Merci Mapie ! Mite, je vous embrasse !
Même les urgences sont reléguées en arrière-plan. En décortiquant une noix de coco, la pointe de mon canif afghan (meilleure option en attente des nouveaux couteaux Burgaud encore coincés dans un colis postal) a dérapé et s'est plantée dans la pulpe de mon pouce gauche...
Cela m'a valu trois points de suture, et m'a permis de découvrir les magnifiques bâtiments de la clinique San Rafael, dans ce qui était autrefois l'hôpital central de Puntarenas. En ce vendredi précédant les Rameaux, l'interne de garde était aux petits soins pour moi, m'accompagnant dans le parcours pour récupérer les éléments de ma prescription de vaccins et autres médicaments de confort, et fixant une visite de contrôle au lundi de Pâques. Il en profitait pour m'entretenir de la France, suggérant qu'il pourrait un jour prochain visiter Paris.
Le samedi avant les Rameaux, tout s'est assoupi. Comme pour ménager mon optimisme, un ouvrier est passé à bord démonter les trois pompes dont j'insistais pourtant qu'elles fonctionnent parfaitement... C'est que Gege veut s'en assurer à l'atelier avant de lancer le chantier effectivement délicat de la rénovation des tuyauteries. Et depuis, Nimic resté tout nu ne peut qu'attendre sa disponibilité, accordée parcimonieusement quand les riches clients de la pêche sportive exigent des soins immédiats en période de tournoi !
J'ai pris mon mal en patience dans la piscine du Club, et sur la plage dont je connais maintenant les moindres détails. Le mercredi, j'ai fait un saut en bus à Quepos, histoire d'avoir des nouvelles d'un ami subitement muet.
Le samedi c'était l'anniversaire de Timour, qui en profitait pour faire la fête dans la nouvelle maison qu'il vient d'acquérir avec sa compagne Laura juste à l'entrée de San José. Quarante-cinq ans auparavant, c'était aussi un samedi saint. De mon lit d'accouchée à l'Hôtel Dieu sur l'île de la Cité à Paris, j'entendais les cloches de Notre-Dame dérouler les offices, et le lendemain battre à la volée pour la Grand-messe de la Résurrection.
Ah, oui... Qu'est-il arrivé à José, mon ami de Quepos travaillant à la sécurité de la jetée protégeant le mouillage ? Rien de grave, une péripétie à la mode tico, me dit-on... Il s'est juste fait descendre par les narco-trafiquants alors qu'il allait prendre le bus pour sa garde de nuit. Le digas a Dios si tienes un problema.