Noël à l'Equateur
Par Agate le lundi 16 décembre 2024, 00:01 - Saison 2024 - Lien permanent
On avait soldé dans de bonnes conditions l'assurance de l'accrochage à Puerto Azul. A cet effet, depuis notre havre secret entre deux îles, on avait écumé les abords de Puerto Paquera, sur la presqu'île de Nicoya, pour constituer le dossier.
On avait subi avec le même ébahissement que les locaux la semaine de déluge ininterrompu qui avait provoqué d'innombrables glissements de terrains au Costa Rica, et la fermeture des écoles pendant deux semaines pour éviter les accidents.
Le beau temps était revenu, on s'était mis en route.
Alors oui, on pensait bien se retrouver aux Galapagos, pour fêter Noël. Y admirer la faune et la flore préservées de l'évolution continentale par au moins sept cent milles d'océan Pacifique, et par les restrictions draconiennes à l'invasion d'espèces exogènes. On aurait le vent dans le nez tout le temps et tournant dans le mauvais sens, alors on tirerait un grand bord vers l'Est pour ne pas avoir à louvoyer entre les îles.
Mais voilà... dès le deuxième jour, avant même la sortie de la baie de Nicoya, alors qu'on avait besoin d'un petit soutien moteur pour contrer la marée montante... plus d'allumage, rien, nada! Même avec le bouton poussoir installé dans la soute il y a trente ans par l'Amiral afin de pallier ces sautes d'humeur dues, paraît-il, aux courants de surface caractéristiques des coques en acier. Pour moi c'est du Chinois. Mais la réalité s'est imposée : pas question d'arriver aux Galapagos sans moteur. Il fallait soit faire demi-tour, et je n'en avais pas l'intention, soit atterrir dans le premier grand port sur le Continent pour demander une aide à l'atterrissage et les moyens techniques ad hoc. Ce qui fut fait...
Et c'est comme ça qu'on a fait route vers La Libertad en Equateur, même pays, ça va simplifier les papiers, pensé-je. Après passage de la Ligne le 30 novembre ça m'a quand même valu plusieurs jours à tirer des bords au milieu des cargos, entre la côte et la zone de manoeuvres militaires.
Bilan, depuis le 4 décembre au soir Nimic II est mouillé devant la Capitainerie de Salinas, en attente de l'extension de l'autorisation d'entrée pour réparations, et sa Capitaine a refusé de s'adjoindre les services d'un agent (coût 1.400 USD), préférant user ses fesses sur les armadas de bus qui circulent dans tout le pays, et notamment entre Salinas et Guyaquil en passant par La Libertad, à la chasse des différents papiers...: visa (gratuit pour 90 jours), puce téléphonique locale, visite des différents lieux possibles pour travaux, fumigation et sanitation du bateau, droits d'entrée, autorisation des Douanes, évaluation technique de la situation, tout cela sans la moindre aide des services français, puisque le consulat de Guayaquil est vacant.
La mauvaise surprise : il fait froid en cette saison en Equateur, car le soleil est bouché la majeure partie du temps. La bonne surprise : une arrivée de régate, directement sous mon nez devant le mouillage de Salinas. Je me suis crue à la Plage des Dames ! La bonne nouvelle : j'ai miraculeusement retrouvé mon certificat de radiotéléphonie restreinte, que personne ne m'avait demandé jusqu'ici.
Et puis, Joyeux Noël, quand même !