Vive 2023 et Bonne Année à tous depuis Nimic II !
dimanche 1 janvier 2023
Deux, un, zéro... !
Par Agate le dimanche 1 janvier 2023, 16:58 - Saison 2023
dimanche 1 janvier 2023
Par Agate le dimanche 1 janvier 2023, 16:58 - Saison 2023
Vive 2023 et Bonne Année à tous depuis Nimic II !
samedi 31 décembre 2022
Par Agate le samedi 31 décembre 2022, 23:30 - Saison 2022
C'est en préparant le bateau pour le Pacifique par le canal de Panama et en passant par la Colombie qu'on devient SDF, en 18 billets
2022, année passoire - 5 février 2022
Ca pédale dans le bitume - 13 mai 2022
Sans Domicile Fixe - 15 mai 2022
Balade exotique - 30 mai 2022
Ca bouge ! 14 juin 2022
Météorologie accélérée - 30 juin 2022
Perspectives - 12 juillet 2022
A whiter shade of pale - 3 août 2022
Merci les Trinis - 11 septembre 2022
Escale technique à Curaçao - 18 septembre 2022
Gagner Panama ou Carthagene ? 11 octobre 2022
Panama et son canal - 14 octobre 2022
Vous connaissez Baia Solano ? 22 octobre 2022
Feliz Cumpleaños - 24 octobre 2022
Merci à Mutis - 22 novembre 2022
Alizés ou ZITC ? 8 décembre 2022
Sous le soleil de Tarzan - 16 décembre 2022
Quatre, trois, deux... 31 décembre 2022
Agate : pour me joindre... nimic(arobase)archambeaud(point)eu
Les commentaires sont relus et validés avant publication, et j'en profite pour vous répondre ;)
Par Agate le samedi 31 décembre 2022, 21:08 - Saison 2022
...un, soleil ! Tous les soirs, à l'affut du rayon vert, notre baie ouvre directement sur la Puesta del Sol, comme le célèbre mon restaurant favori sur la plage.
Ou alors, est-ce un concours de mâture ? C'était au début de la semaine au petit matin, je m'échinais à acquérir l'angle de machette parfait pour ouvrir la noix de coco que j'avais ramassée la veille sur la plage. Je relevai la tête entre deux coups quand j'aperçus une grande masse de voiles apparemment gonflées loin vers l'horizon, à l'entrée de la baie. Tiens, ça ressemble à ce que j'avais vu derrière l'île hier soir...
Et quand j'eus enfin gagné le plaisir de boire l'eau de coco directement à la noix, une machine à quatre mâts était là, devant moi, presqu'incongrue dans son énormité, se balançant gentiment sur sa chaîne. Des youyous commençaient à en déverser les passagers sur la plage. Toute la journée je me suis prise à méditer sur les mérites comparés des différents types de navigation... avec une certaine ironie, je dois bien dire, car pendant ce temps-là, les personnels de la marina remorquaient au moteur vers son champ d'exercice le petit dériveur qu'ils acceptent entre leurs digues pour donner des leçons de voile aux enfants (capricieux ou ingrats ?) des propriétaires pêcheurs au gros (moteur).
Et puis, le soir, le Wind Song - puisque c'est son nom - faisait le spectacle dans le coucher du soleil, lui volant la lumière durant la nuit, avant de disparaître dans la brume du matin, traînant un souvenir fugitif comme un mirage.
Après une journée passée en arguties laborieuses avec le fournisseur d'internet qui se targue de permettre toutes les transactions directement depuis leur application sur téléphone - mais omet de maintenir la connexion pour permettre le renouvellement à distance du pack d'abonnement, c'est en faisant mon tour sur le pont la nuit suivante que j'ai constaté que le mastodonte se représentait dans nos parages...
Gaussez-vous, gaussez-vous...! Je donne un point, et même un tour gratuit sur Nimic, à ceux qui ont remarqué du premier coup : ce n'est pas le même...
Et moi, j'ai vraiment commencé à faire attention à la différence entre une goélette à quatre mâts et un trois mâts carré - comme le nouvel arrivant Sea Cloud Spirit - quand il y en a eu deux dans mon champ de vision, lol
A ce moment-là, toute la plage s'est animée pour admirer le spectacle !
...jusqu'au moment où, l'un après l'autre, ils ont tiré leur révérence.
Mais lequel est le plus beau ? Quatre, trois, deux mâts...? c'est Nimic II, ya pas photo !
vendredi 16 décembre 2022
Par Agate le vendredi 16 décembre 2022, 23:29 - Saison 2022
Bien calé devant la plage de Herradura, à l'entrée de la baie de Puntarenas, Nimic II attend quelques travaux de maintenance pour son système de gouvernail qui commence à râler sérieusement. Un petit nettoyage des câbles rendrait tout ça beaucoup plus fluide.
La capitaine se laisse prendre à l'ambiance acrobatique du lieu, à laquelle contribuent allègrement...
...le coucher de pleine lune
...les pélicans en pêche
...les pêcheurs au toujours plus gros
...le moussaillon à bord
...le moussaillon à la plage
...le moussaillon avec son papa
...pour un exploit qui a propulsé le moussaillon au grade de matelot
...et le matelot nouvellement promu dans la canopée !
Du coup, je m'y suis mise aussi :) Joyeux Noël !
jeudi 8 décembre 2022
Par Agate le jeudi 8 décembre 2022, 21:50 - Saison 2022
...ou quoi ? Ah oui, zone intertropicale de convergence, le sigle qui décrit le mélange de basse pression, pluie, pétole, grains et hygrométrie élevée que l'on trouve sur les océans à la ceinture équatoriale, où se rencontrent les systèmes dynamiques connus en Français sous le nom d'alizés, trade winds en Anglais. La ZITC est ce qui attire immanquablement vers la Guyane un voilier qui flotte au large des Canaries, au bonheur des alizés. La ZITC, nommée alors pôt-au-noir, était la hantise du capitaine de commerce à la voile, car son bateau y restait encalminé des jours, voire des semaines, avec équipage et cargaison, que l'équipage mangeait quand il avait faim, ou passait par-dessus bord pour alléger et en sortir plus facilement. On comprend bien que le sordide nom des récits d'époque soit maintenant banni !
Après quelques aléas de départ, genre bricolage de la commande du mouillage, la ZITC - prononcez comme vous voudrez - est le système météorologique dont Nimic II voudrait bien ressortir, après en avoir intimement éprouvé l'humidité et l'instabilité en Guyane, à Chaguaramas et à Baia Solano, comme sur tous les trajets qui les relient.
J'ai donc écrit ces mots quelque part au Sud de Panama dans une bulle de pétole entre deux grains. Nous avions dérapé de Baia Solano pour le Costa Rica cinq jours auparavant, et progressé vers le but d'exactement 132 milles, soit une moyenne de 1 noeud ! ...et quelques centièmes, je vous l'accorde.
C'est que, au symétrique de ce que nous avions rencontré vers Panama, la route directe s'oppose aux vents dominants et forts courants induits par les gyres océaniques. Il faut ruser, tirer des bords en profitant des variations d'angle, passer de l'enthousiasme au désespoir quand la pétole dure de longues heures et laisse le contre-courant anéantir quelques milles de progression.
Le dimanche, j'avais eu ma première matinée de vrai soleil depuis de longs mois, avec un vent de sud-ouest bien établi qui suggérait l'alizé que j'étais allée chercher au Sud. Le bateau naviguait tout seul vers l'Ouest-Nord-Ouest, j'ai enfilé un mini-short et un débardeur après une bonne douche.
Me suis mise à bronzer pendant quelques heures. Ai regardé d'un oeil critique la barre de nuages qui montait à l'horizon, suggérant qu'on allait repasser de l'autre côté.
Pas assez de Sud, me suis-je dit. Alors, nous avons enfourché la démarcation, pour la chevaucher le plus longtemps possible vers l'Ouest.
A Estelle qui m'avait demandé quel était mon évènement préféré depuis que je navigue seule, j'ai répondu "la transat en solitaire, ya pas photo !". Eh bien, ici non plus, "ya pas photo !", mais pour une autre raison, c'est que quand on tient la barre pendant des heures avec application pour profiter à la fois du spectacle et des conditions les plus favorables, on ne tient pas aussi son téléphone à la main ! On peut juste raconter... les tonnes d'eau qui s'abattent sur les vagues et les ratatinent... l'alternance des bouffées d'air chaud ou frais... les sautes de vent qu'il faut déjouer... la perte de confiance quand on se rend compte que le GPS a glytché une fois de plus alors qu'on n'y voit pas à vingt-cinq mètres... le retour de courage parce qu'il fait heureusement jour et que le bon vieux compas magnétique suffit... la file des cargos qui signale qu'on est en train de traverser leur route Sud vers le Pérou... l'entrée en nuit en espérant qu'on restera du côté alizés... et la nuit sans sommeil parce q'on a enchaîné les virements avec plus de vingt noeuds de vents !
Dans mon étude sur les zones de crise, celle de l'Afghanistan en particulier, je qualifie de transactifs ceux qui conjuguent les dynamiques internes et externes à ces zones, pour en faire tirer le meilleur parti à tous. Un marin est par définition un transactif, un humain né de, par et pour la mer, une particule en mouvement de l'univers en mouvement. Je suis sur cette marge, aussi longtemps que ça tiendra, un vieux bateau et une dame non moins fatiguée et néanmoins enthousiaste, qui n'a rien de mieux à faire que de chevaucher une zone de fracture des systèmes météorologiques, parce que les puissants du monde ne s'intéressent pas à raccommoder les crises qu'ils ont produites. Et laissent des millions d'humains littéralement en déroute, sans soutien ni considération alors que leur expérience des crises en font un capital inestimé de compétences multiculturelles.
Comme Nooria, une amie afghane qui pendant dix ans a fait vivre trois générations de toute sa famille avec son salaire de comptable dans une ONG internationale. A dû quitter Kaboul en août 2021 avec ses deux jeunes enfants à l'arrivée des talibans, parce que son mari venait de décéder de la Covid. S'est retrouvée en Californie dans le plus grand dénuement parce qu'elle ne sait pas conduire pour aller à la recherche d'un emploi. Parce qu'en Afghanistan, on survit en évitant de faire des vagues dans la pétole et en restant à l'abri dans les grains.
D'ailleurs, c'est en allant profiter de ma couchette à un moment de calme que j'ai trouvé, enfin, un début de réponse aux sautes répétées du GPS... Après cette journée de déluge, le drap portait une belle mare d'eau douce dont j'ai repéré l'origine dans la boîte des connecteurs au pied du mât d'artimon. Ca sera un de mes prochains chantiers !
Alors, alizés ou ZITC ? Ou si vous préférez... dernière île de Colombie, ou premier lever de soleil du Costa Rica ?
Les deux, comme dirait le général !
Et heureusement, après toute une nuit de pétole à tournoyer dans le flux de courant qui rentrait dans la baie de Puntarenas vers le Nord-Est, bienvenue au Costa Rica ! Nous avons finalement atterri dans la baie de Herradura, et sommes en cours de formalités diverses.
mardi 22 novembre 2022
Par Agate le mardi 22 novembre 2022, 01:08 - Saison 2022
...la grande métropole de Bahia Solano !
Son comité d'accueil...
Ses paysages marins...
Sa marina...
Sa piscine...
Son travel-lift...
Son port de commerce...
Sa forêt vierge...
Son mirador...
Sa protectrice...
Ses douches publiques...
Ses bains multicolores...
Ses montagnes qui dégringolent dans la mer...
...et ses arcs-en-ciel !
Et parce que ça faisait bien longtemps que je ne vous en avait rien dit, voici les dernières nouvelles de l'hydrolienne, entièrement démontée puis remontée pour la débloquer après son dernier caprice !
Ah... et puis j'ai complété ma panoplie de techniques : je sais maintenant débrancher le câble d'embrayage pour charger les batteries même au mouillage, une mesure d'urgence quand le soleil ne se montre pas beaucoup (un euphémisme ?)
On repart demain pour le Costa Rica !
lundi 24 octobre 2022
Par Agate le lundi 24 octobre 2022, 16:33 - Saison 2022
Comment célébrer dignement son soixante-dixième anniversaire quand on vient d'arriver dans le patelin le plus isolé du monde, qu'on n'y connaît personne depuis plus de deux jours, qu'il pleut des cordes chaque jour, et que Nimic II a encore besoin de soins intensifs avant de reprendre la mer ?
En se faisant plaisir à l'hôtel Costa Choco - grande chambre, douche, laverie pour le linge, bière Chocolatal brassée dans les lieux et pizza du patron - quasi déserté en cette saison parce que les baleines sont déjà parties et les pêcheurs au gros attendent une saison un peu plus sèche.
C'est une proposition d'Alain, qui a racheté il y a cinq ans le palace construit par Pablo Escobar à sa belle époque pour y entretenir ses obligés de tous statuts.
Magnifiques restes, mis en valeur par les aménagements d'Alain (aidé par les talents de couturière de sa mère pour les coussins): "C'est un projet de long terme, à un moment ça me rapportera gros", dit-il.
On imagine bien les fêtes qui ont pû s'y tenir...
...et les naiades dans la piscine !
Il y a même eu un feu d'artifice :) Il paraît qu'ils font ça de temps en temps, on peut le prendre pour une attention spéciale, non ? Merci à tous les Chocoïens !
samedi 22 octobre 2022
Par Agate le samedi 22 octobre 2022, 19:18 - Saison 2022
Moi non plus, jusqu'à ces jours-ci !
Le moral n'était pas au beau fixe en partant de Panama : trop de dissonance entre mes aspirations à la tranquillité et les pratiques locales, trop d'incertitude sur les escales à venir au Costa Rica. Mais on est parti, entre les cargos qu'on avait côtoyés dans le Canal et les grains qui s'amoncelaient.
C'est là que l'imprévu de toute route à la voile s'impose : l'accroche de la capote de la descente lâche, alors que je cherche une route au plus près et que des litres d'eau salée risquent d'entrer dans le carré à chaque vague un peu forte. Il va falloir modifier les plans.
Descendre le vent, ce qui nous mènera... en Colombie ! Heureusement que j'ai la carte d'Amérique du Sud sur mon traceur, ce qui me permet d'identifier sur des centaines de milles de côte à jungle un seul endroit avec quelques phares, droit à l'Est sous le vent, très isolé mais habité à l'évidence. Un village de pêcheurs pour touristes, me dit G.P. Parfait, des ouvriers traditionnels pour un vieux bateau comme Nimic !
Sous l'attention lointaine d'un navire 'en opérations militaires' on y arrive grand largue poussés à sept noeuds de moyenne par la houle du Pacifique dans la nuit de lundi à mardi. J'y mouille à l'oreille suffisamment loin du ressac et néanmoins à profondeur ad-hoc sur une langue de sable à raz de la mangrove.
Le lendemain, stupéfaction : nous sommes tout à l'opposé de ce qu'indiquait la position GPS sur le traceur. D'ailleurs, comme j'ai décidé de nous rapprocher du ponton des pêcheurs, je vais choisir la position au sondeur : selon la carte Garmin c'est à trois cents mètres à l'intérieur des terres que Nimic II est maintenant mouillé depuis plusieurs jours.
Le village de Mutis est donc bien caché au fond de la baie de Solano. Et je vais rapidement découvrir que c'est en fait la métropole locale, avec toutes les administrations ad-hoc : capitainerie, services de l'immigration, agence de tourisme, et même une base militaire qui fait retentir tous les jours le même genre de battements de tambour que ceux qui nous protégeaient à la marina Shelter Bay à Panama. Il faut croire que ces deux voisins-là ne s'aiment guère. J'ai eu droit en première vague à l'attention de l'Armada Nacional, label sous lequel naviguent les garde-côtes qui ont tout de même - courtoisement - passé une demi-heure sur le bateau à soulever tous les planchers pour s'assurer que je ne transportais pas de cargaison illicite ! Un comble, lol
Le temps s'écoule lentement depuis, entre les incertitudes de l'administration et la pluie incessante plusieurs heures d'affilées chaque jour.
Pour l'instant mon passeport est toujours entre les mains des fonctionnaires de l'immigration, qui ont dûment enregistré à la main toutes mes informations, mais attendent que le système informatisé d'identification automatique veuille bien fonctionner. Je viens de me faire connaître au Consul de France à Medellin, qui n'a pas l'air inquiet : "Ils viennent de changer de gouvernement, les administrations sont un peu perdues..."
Première victoire, Nelson, le charpentier de marine, né ici comme environ la moitié des six mille habitants, vient de quitter le bateau après avoir posé le barreau de remplacement de l'accroche de la capote sur le pont. Il ne reste plus qu'à trouver les artistes qui apporteront une solution aux caprices de la pompe de la nourrice et ou aux fuites des panneaux d'aération sur l'avant du bateau. Et que je vérifie l'étanchéité à l'eau de mer des bondes des réservoirs d'eau douce (message pour Timour...!)
Entretemps, je visite ! Pas une voiture à Mutis, juste des camions pour les transports de marchandises, des tracteurs pour mener les bateaux au ponton, et une nuée de triporteurs à l'indienne pour les habitants qui veulent s'épargner les quelques centaines de mètres entre les différents points du village. Pour le reste, les déplacements se font en bateau, y compris aller à l'école ! Ah, oui, il y a un hôtel pour les touristes qui arrivent en avion - construit par Pablo Escobar pour soigner ses amis à la belle époque, et c'est peut-être là que je pourrais prendre une douche ou faire laver mon linge...
vendredi 14 octobre 2022
Par Agate le vendredi 14 octobre 2022, 10:10 - Saison 2022
Bien à l'abri dans le cocon de la lagune de Shelter Bay, et grâce aux compétences de communication locale de Timour, nous avions préparé notre passage du Canal. Les étapes administratives et techniques sont variées, mais Stanley, notre agent, nous dira à la fin que c'est le franchissement du Canal le plus rapide qu'il ait jamais fait !
Mardi après-midi, nous sommes en place au mouillage de départ dans la baie, quatre liners (l'équipe des amarres) puis le pilote, à attendre le signal : nous devons être aux écluses de Gatun à 17h45.
Il fait déjà noir quand on y rejoint le cargo Pan Rapido, notre compagnon pour cette première série de trois, et Lucy, qui a déjà fait le parcours, trouve que c'est encore plus impressionnant.
On passera la nuit au coffre d'attente au début du lac Gatun.
Au réveil, il nous faut tracer rapidement pour traverser le lac et rejoindre le lot d'écluses suivant. On y sera vers midi.
Là, c'est le cargo Taibo qui nous suit, et un énorme roro dans le bief adjacent. Et c'est là que nous aurons notre quotidienne douche orageuse ;)
Vers treize heures, nous sommes libres ! Taibo nous double enfin pour rejoindre le Pacifique, et Nimic II se pose mercredi à la marina de l'île Flamenco après avoir débarqué ses liners et son pilote. Merci à eux : Eduardo le pilote, Umberto et Alex, liners professionnels, Lucy, liner amateur, et Timour, liner d'occasion.
J'ai quarante-huit heures pour terminer les formalités de sortie, j'en profite pour faire quelques achats en ville. Et quelle ville !
mardi 11 octobre 2022
Par Agate le mardi 11 octobre 2022, 00:04 - Saison 2022
Si Nimic II faisait du tourisme, j'aurais mis au moteur depuis longtemps pour tenir les plannings. C'est comme un parcours à obstacles. L'arrivée à Panama se fait dans un marais barométrique, et avant on est à la merci d'avaries petites et grandes. On reparlera d'hydrogénérateur, de nourrice du moteur, de vétusté des boiseries ou encore de perte du feu de balcon babord : c'est toujours le même qui saute, lol. Le moral en dents de scie de la capitaine est tempéré par les splendeurs au jour le jour.
L'anecdote qui déchire. Pendant le passage du front de la perturbation qui s'est formée dans nos parages avant de se diriger vers la Floride, un couple de rapaces terrestres ressemblant à des busards a longtemps cherché à se poser dans la mâture. Sans succès. L'un des deux a dégringolé le long d'un hauban de l'artimon, se retrouvant coincé entre le bordé et les différentes cadènes, tout ébouriffé à cinquante centimètres sous mon nez, l'oeil hagard. Une photo ou de l'eau ? Je suis revenue avec une gamelle que j'ai poussée doucement vers lui... Dernière bouffée de panique et il a disparu au raz des vagues. L'autre est revenu une fois ou deux par la suite, comme pour chercher si son partenaire était encore dans le coin.
L'anecdote qui réjouit. Une fois le coup de vent passé, c'est toute une famille de moineaux locaux qui est venue inspecter le bateau, histoire d'y prendre villégiature. Ils ont disparu avec la pétole.
Ensuite, j'ai retrouvé l'hydrogénérateur accroché dans ses bouts de sécurité parce que le piètement a de nouveau lâché (voir les épisodes précédents). Donc, plus de recharge de nuit, ou même de jour par temps couvert. Et là, en voulant remplir la nourrice journalière du moteur pour faire face à toute éventualité, j'ai constaté que la pompe est désamorcée. Solution d'urgence : pomper à la main depuis le réservoir principal du moteur dans un jerrican et le reverser dans la nourrice du moteur quand nécessaire. C'est possible, je l'ai fait...! Par calme plat, entièrement douchée au diesel à la fin de l'exercice, épuisée et stressée. Les défis de la navigation à la voile ?
)
Me voilà donc dotée d'une vingtaine de litres de réserve, environ sept heures de moteur, pour arriver à une prochaine escale technique, probablement Cartagène ! Il faudra que j'arbitre entre les recharges de batteries, les trajets tactiques pour s'écarter de la côte et les manoeuvres d'entrée de port. Et je me vois mal remplir la nourrice par mer agitée !
Trois jours plus tard, ça donne une route chaotique - parce que les ruptures d'alizé donnent aussi inversion du courant des Caraïbes, et tout ce que je gagnais grandiosement dans chaque grain se trouvait ramené à zéro dans la pétole qui suivait... C'est de la voile ! Merci à Mauritius Pride de nous avoir donné un amer dans le grain, et à Fassa de faire le spectacle dans la pétole !
Pour parer aux diverses avaries j'envisageais d'atterrir à Cartagène, la deuxième grande ville de Colombie, chargée d'histoire. Pourtant dès que le moral est remonté, ma détermination aussi, et nous voilà repartis vers Panama. Sauf qu'après le passage de la pointe Nord de la Colombie le contre-courant des Caraïbes revient du Yucatan au ras de la côte, jusqu'à deux noeuds en plein dans le nez des bateaux qui cherchent à accéder à Panama en route directe.
En solo, à la voile c'est mission impossible : les quelques milles qu'on gagne péniblement au près quand ça souffle un peu sont immédiatement perdus dès que la pétole s'installe ! Il faudrait mettre au moteur quasiment les trois-quarts du temps. Nous voilà donc engagés dans le grand manège panaméen, qui prend par le Nord au travers de la boucle des courants et nous a enfin menés à Colon.
En point d'orgue à notre arrivée, le dernier jour de mer a été une merveille, avec la compagnie d'un banc de dauphins, un vent favorable et une mer presque lisse sous la belle lune !
Mais à peine franchie l'entrée de la zone du Canal, à Colon à deux heures du matin au milieu des cargos jeudi dernier, des trombes d'eau ahurissantes sont tombées pendant une heure, supprimant toute visibilité et faisant sauter la réception GPS. Impossible de se repérer. C'est un bateau de service du Canal qui nous a récupérés pour nous mener à la marina de Shelter Bay, tout à l'ouest de la baie.
On y est ! J'y ai retrouvé Timour et on se prépare à traverser :)
P. S. : Et entretemps, c'est sur, le blog d'Estelle qu'on a eu des nouvelles de Nimic II. Merci Estelle !
dimanche 18 septembre 2022
Par Agate le dimanche 18 septembre 2022, 22:54 - Saison 2022
Curaçao... et d'abord, comment ça se prononce ? Les réponses sont évasives : comme vous voulez ! C'est qu'on y apprend obligatoirement les structures d'au moins trois langues dès le primaire, anglais, espagnol, néerlandais, allemand ou français, histoire de permettre aux habitants natifs d'interagir avec les étrangers de passage qui apportent des ressources. La langue locale est le papiemento, un 'pépiement' qui les mélange toutes.
Nimic II et moi y sommes arrivés à l'improviste, je pensais en faire sauter l'escale dès mon premier jour hors de la baie de Chaguaramas, alors que nous tracions à huit noeuds de moyenne au travers d'un vent établi d'une vingtaine de noeuds, me portant à des bouffées d'enthousiasme quand le loch dépassait dix noeuds :) J'avais remonté le mouillage dimanche 11 en fin de matinée, histoire de ne pas me trouver en bisebille avec les services d'immigration trinis auxquels j'avais affirmé que je partirais dès samedi matin : chacun sait qu'une procédure de démarrage à la voile présente beaucoup d'imprévus...!
Et puis, mardi matin avant le lever du jour, alors que le vent commençait à disparaître, j'ai voulu lancer le moteur pour refaire le plein des batteries qui n'étaient pourtant pas en difficulté, mais mieux vaut prévenir que guérir, non ? Et là, grosse panique, l'alarme d'huile se rallume après trois minutes, en clignotant violemment avec un craquement suspect ! J'arrête aussitôt le moteur, et examine le fond de cale, où il me semble que l'eau du puits présente une couleur grisâtre témoignant d'une fuite d'huile. Nous voilà avec la perspective d'une virée entièrement à la voile jusqu'aux îles néerlandaises, seules considérées comme garantissant la sécurité du navigateur en transit vers Panama.
Je vous rassure tout de suite, tout s'est passé au mieux, y compris la procédure PAN de demande d'assistance à l'arrivée pour le remorquage jusqu'à un ponton : celui de Curaçao Marine où nous sommes arrivés le jeudi vers midi.
Donc vendredi matin, dès l'ouverture, s'est pointé le concessionnaire Yanmar local. Il a balayé ma description de l'incident : c'était trop tard, il fallait enlever le moteur pour chercher cette fameuse fuite. Si j'avais la chance de ne pas avoir à changer le moteur, ça me coûterait au bas mot cinq mille dollars, et plusieurs semaines d'immobilisation. Je me suis récriée, il m'a engueulée, a consenti à examiner et démarrer le moteur, et a finalement fait intervenir son technicien électrique. Lequel, au bout d'une demi-heure, a déclaré qu'il s'agissait d'une mise à la masse fautive, que le moteur avait été câblé comme pour une coque en alu...! Il me semble bien d'ailleurs avoir déjà reçu cette explication d'Hervé, de GMS à l'Herbaudière. RAS donc, ça m'a coûté la modique somme de 60USD, ce qui n'a pas amélioré l'humeur de mon grincheux - sans doute parce que je l'avais taclé.
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui dimanche est notre troisième jour aux îles néerlandaises. J'ai pris le temps de régler favorablement le deuxième point noir qui empêchait une navigation en sécurité : la puce Iridium a été réinitialisée ! J'ai aussi pris quelques photos :) Si tout va bien nous repartons demain matin avant dix heures, les procédures de sortie viennent d'être accomplies. A vous revoir à Panama !
dimanche 11 septembre 2022
Par Agate le dimanche 11 septembre 2022, 06:14 - Saison 2022
Merci Cairi, né ici et nommé du terme local pour 'caraibe' par ses parents - un brésilien et une canarie - bloqués sur le chantier par le Covid, que j'avais rencontrés deux ans plus tôt à Porto Santo.
Merci Suzan, exemple de fierté et d'efficaté locale, qui débrouille au quotidien les problèmes techniques des équipages en attente de réparations sur leurs bateaux.
Merci à Lady Azzuro et Queen Annette, trinies de naissance ou d'adoption, amies de ponton et animatrices infatigables des divertissements de tous les équipages.
Merci Kristian, logman du dépôt technique pétrolier voisin, auto-proclamé gardien de mon confort en manifestant la curiosité sincère et l'empathie naturelle du trini lambda, tout en jouant avec les gros bateaux qui traversent le mouillage.
Merci les bateaux de tous calibres et de tous types...
Merci les animaux de tous poils et de toutes plumes...
Merci à tous les équipages amis et trinis d'occasion, aux fournisseurs, artisans et ouvriers du crû, qui ont accompagné Nimic II du statut de bateau en travaux...
à celui de bateau à mettre à l'eau...
puis à celui de bateau au mouillage, en instance de départ !
Merci la pluie, le soleil, la lune et les étoiles des panoramas de Chaguaramas.
Oups, merci enfin au pélican qui s'est manifesté pour embarquer, mais désolée, je navigue en solo, lol !
mercredi 3 août 2022
Par Agate le mercredi 3 août 2022, 22:40 - Saison 2022
C'est Mel, un artiste de la nuance, qui fournit Nimic II en produits couvrants. Il y a quinze jours un deuxième gallon de 'Lunar White' venait compléter les premières touches de peinture du pont, datant d'avant mon dernier séjour à Noirmoutier. Je suis fascinée par ses mélanges à partir de quatre pots, blanc, noir, jaune et rouge, dont il pèse les gouttes au microgramme près jusqu'à obtenir le parfait fondu. Sauf que la dernière fois, au bout d'une demi-heure j'ai trouvé que ça suffisait et le résultat est... approximatif !
Mais ça ne se verra pas vraiment à la longue...
Et le gros oeuvre du pont est maintenant terminé !
Je vais maintenant passer au gros oeuvre de la coque, si la météo le permet... si Mel arrive à raccrocher les bouts de sa chaîne logistique... et si suffisamment d'échafaudages sont disponibles. Et pour l'instant il pleut, avec des nuances de ciel toujours changeantes !
Ca me donne le temps de bricolages importants, comme vérifier le faux contact dans ma perceuse Peugeot vintage. Je pensais qu'il fallait changer les charbons ; le mécanicien auquel j'ai demandé où en trouver m'a affirmé qu'ils lui semblaient intacts, et il est venu faire le diagnostic sur place. Après une heure de test des différentes connexions, nous avons convenu que le problème provenait... du cordon, bien fatigué par quarante ans de bons et loyaux services. J'ai recupéré celui d'une baladeuse à fonctionnement tout aussi aléatoire, et le résultat est parfait pour ma perceuse comme pour les caissons de Nimic libérés d'un objet inutile !
La semaine dernière, l'un des gardes, artiste de la blague sur le chantier, me lance : "Hé, tu me dois un café !" parce que j'avais affirmé que Nimic aurait quitté Chaguaramas avant la fin juillet. Bonne joueuse, je le lui ai apporté le premier août. Et comme ce jour-là est aussi 'Emancipation Day', férié à Trinidad, je lui ai de surcroît cuisiné un tajine de poulet au citron dont il semble avoir apprécié les saveurs.
Du coup, on a regardé passer les 'party boats' qui promènent les fêtards par lots de deux cents, avec des DJs qui mixent de la calypso de toutes les couleurs. Je booste ma culture musicale qui s'était arrêtée à Bob Marley et Rolling Stones. Mon oreille s'y fait, je peux même vous dire que la soca n'est pas un verlan, mais une forme anglophone de calypso, issue elle du créole franco-antillais. Toutes les nuances en sont largement composées à Trinidad, berceau de la musique des Caraïbes.
Et allez, pour finir, quelques relevés de faune locale, dont le rase-motte de la frégate dans le pack des urubus...
...l'affut du martin-pêcheur depuis le balcon arrière
...la balade de la chenille du club house et celle du lézard du bord.
Et enfin, le seul pélican que j'aie réussi à capturer en gros plan !
P.S.: Bon, eh bien le voilà, Mel, arrivé tout confus des aléas trinis, mais resplendissant sur la nuance 'Lunar White' du nouveau pont, et présentant dans ses bras le blanc pur de la future coque. Merci à lui et sa boutique "Majestic Paints".
Et tant qu'à faire un rajout, voici le crabe que je viens de rencontrer sur le chemin de la supérette :)
mardi 12 juillet 2022
Par Agate le mardi 12 juillet 2022, 19:04 - Saison 2022
Le navire auxiliaire de forage rouge, à gauche de la première photo, mesure 75m de long. Il est du même type que ceux qu'on a vus portant des plateformes aux Canaries en 2020, et vous savez maintenant, si vous suivez, que c'est en remplissant d'eau leurs ballasts qu'ils se glissent sous ces gigantesques structures flottantes pour ensuite les sortir de l'eau en vidant ces ballasts. Ils les transportent alors là où il en est besoin. Celui-ci s'appelle Enav Agave et attend au mouillage depuis des semaines au milieu de la baie de Port d'Espagne (qui est à l'Est, à gauche hors de la photo).
Presqu'au centre du panorama se trouve la voile d'Azzuro, le bateau bleu clair amarré au ponton de la photo suivante.
Toutes sont prises du pont de Nimic, soit à environ quatre mètres de hauteur juste en bord de mer. Sauriez-vous donner, par ordre croissant d'éloignement, les dimensions approximatives des différents objets flottant dans le panorama? Juste pour vous donner une idée de la perspective, la coque marquée LNG est un méthanier, il fait 299m en longueur et sa distance à mon point de vue est double de celle d'Enav Agave.
Autre perspective, le bateau pilote jaune au flanc d'un autre auxiliaire de forage au départ mesure, lui, environ 12m.
Et pour vous embrouiller un peu plus, un bel emboîtement des porte-plateformes...
Deuxième casse-tête : sachant que les promontoires Est, à gauche, et Ouest, à droite, qui marquent les lignes de fuite de l'ouverture vers le Sud de la baie de Chaguaramas, délimitent une distance d'environ un mille nautique pour les bateaux naviguant en ligne directe au large du promontoire Est et de l'île Gaspar Grande à l'Ouest...
...et que d'ordinaire cette distance est franchie par les plus rapides des bateaux, comme par exemple K.Loe le pilote, en un temps de l'ordre d'une minute, quelle est la vitesse possible de Monster, le joujou des frères Peake, que je viens de voir la franchir en environ quinze secondes ? Il était mis à l'eau pour un essai, dans le boucan épouvantable de deux moteurs sans silencieux et carburant... au gaz naturel liquéfié, le LNG ci-dessus ! C'est ce qu'on appelle 'passer directement du producteur au consommateur'. Et comme l'explique un des employés de Peake's : "Ils organisent une course tous les étés, de Port d'Espagne à Tobago, et c'est toujours eux qui gagnent. D'ailleurs, quand ils n'y sont pas, il n'y a pas de course..."
Pendant ce temps-là, mes copines les fourmis s'activent à emmagasiner les prises de choix - comme ce raisin sec qu'elles essaient de porter jusqu'à un nouvel abri en utilisant les lois de la gravité, lol. Elles retrouvent dans le fond du cockpit d'autres habitants furtifs comme cette pousse de kapokier en germination dans la ligne du sondeur :)
Je n'ai toujours pas réussi à prendre un pélican de près, et je compte bien me venger des iguanes qui ont pillé ma récolte attendue de tomates...
Et quelles sont les perspectives de Nimic II, dans tout ça ? Eh bien, la mèche du safran est bien en place, parfaitement souple et mobile. De nouveaux joints à lèvre ont été placés en sortie dans le cockpit, il n'y a même pas eu besoin d'ajuster l'ouverture.
Le secteur du pilote est remonté, tout cela fonctionne dans le silence le plus merveilleux !
J'ai appris du coup que l'hélice de Nimic fait 17 pouces de circonférence et 16 pouces de pas, à droite. C'est facile, c'est écrit dessus ! Merci Dynamite et toute son équipe :)
Ya plus ka peindre... et heureusement, y en a moins à faire que sur notre nouveau voisin de chantier, un autre monstre du nom de Taboo, une goélette de vingt-deux mètres qui me permet de renouveler mes perspectives : en partant de l'Herbaudière, je naviguais sur le plus gros bateau du port... En arrivant à Chaguaramas, Nimic II était le plus petit ! Doté d'un équipage de quatre personnes, Taboo dispose de cinq cabines doubles pour des 'invités' à trois mille dollars la semaine chacun !
Merci, je préfère Nimic II, et j'espère bien avoir fini mes 'petits' travaux d'ici la fin du mois de juillet pour nous retrouver alors de nouveau à la baille !
jeudi 30 juin 2022
Par Agate le jeudi 30 juin 2022, 10:38 - Saison 2022
Dans combien de temps Nimic II sera-t-il de nouveau à l'eau ?
Sachant que l'alignement de la mèche du gouvernail demande toute une série d'ajustements délicats...
et qu'il faudra ensuite terminer les peintures en suspens, pont et coque...
On pourrait dire, une semaine de technique et quinze jours de pinceau, non ? Pas si simple, puisqu'il faut loger tout ça dans les trous secs de la météo, haha. Ce qui, au bas mot, double le planning...
Et quand les modèles météo ont commencé à transformer les prévisions de coups de vent sur l'Atlantique en alerte cyclonique à cinq jours, on s'y est intéressé sérieusement : simple dépression ou tempête tropicale ? C'est Marc, le grand gourou des ennuis mécaniques sur le chantier (celui qu'on reconnaît à la couleur de ses chemises lol), qui m'a donné la clé : "l'oeil est-il formé ?" La baie de Chaguaramas est réputée protégée des vent de Nord-Est. Sauf que si la "vague tropicale" en déplacement vers l'Ouest devient cyclone tourbillonnant avant son passage au Nord de l'île de Trinidad, alors les vents viendront du Sud, et là, on se les prend direct, ouïe.
Jusqu'à mardi soir, toutes les conjectures étaient possibles, d'autant que les modèles variaient à chaque mise a jour, soit quatre fois par jour...
Alors, depuis lundi, la baie s'était enluminée des bateaux et navires venus y chercher la tranquilité, et le chantier n'a pas arrêté de mettre au sec les plus inquiets des plaisanciers.
Enfin, la nuit de mardi à mercredi prévue pour le passage du phénomène, s'est passée comme une fleur... et la mer est redevenue "bleue"...
comme si rien ne se passait plus au Nord, car effectivement l'oeil n'était pas encore formé.
Mais ça pourrait donner corps à une vraie tempête tropicale juste avant d'arriver ...au Costa Rica ! Attention, les Ticos !
mardi 14 juin 2022
Par Agate le mardi 14 juin 2022, 02:36 - Saison 2022
D'accord, pas trop...: depuis le bord du ruisseau qui sépare le chantier Peake du domaine des pétroliers, de l'autre côté du grillage ;
jusqu'au front de mer, plus près de la rampe de mise à l'eau, cent cinquante mètres plus au Sud...
et après un trajet de cinq cents mètres en tracteur !
C'est que lundi dernier, je regardais notre ami Mickaël - le grand chef du mouvement chez PYS - entasser les arrivants dans les travées du chantier. La saison des cyclones est annoncée, les propriétaires fortunés doivent se plier aux exigences de leurs assurances, et Peake Yacht Services, comme toute l'île de Trinidad, se trouve à l'extrême Sud des Caraïbes, hors de la zone réputée risquée.
Alors, pour que Nimic ne se retrouve pas coincé derrière tous ceux-là jusqu'en novembre, on a bougé.
Pour autant, il ne pleut pas moins à notre nouvel emplacement, il y a toujours des moustiques, et même plus de taons !
Les travaux continuent. L'étanchéité de la barre d'écoute a été reprise (histoire de ne plus se faire doucher en dormant...)
Le gros morceau, c'est l'alignement de la mèche du safran. On se souvient que la barre est très dure... Et on espère que ça va s'arranger ! Donc dépose de la barre franche et découplage du secteur de la barre à roue...
extraction de l'hélice et de son arbre...
extraction de la mèche du safran...
pour libérer le safran !
La rénovation de tout ça est en cours : travaux de précision pour les spécialistes, ponçage et peinture pour moi :) On en reparle dès que possible !
Entretemps je continue à documenter les amis, la faune et la flore locales.
Et je n'oublie pas de vous parler des tomates de Kris, le logman de l'entrepôt de pipelines de l'autre côté du grillage. Avant mon départ en France, il se pointait régulièrement au pied du bateau pour s'inquiéter du bien-être de l'équipage alors que ses gars s'activaient nuit et jour pour ordonnancer la base logistique des forages en cours au large du Surinam... ceux-là même qui nous avaient valu un détournement de parcours pendant le trajet depuis la Guyane. A mon retour, Kris n'a pas manqué de faire une nouvelle visite, et c'est lui qui a remarqué le plant de tomates qui croissait librement sous l'échelle, à la verticale de la vidange de l'évier de Nimic. Il m'a recommandé de le tutorer. Et puis, lors du mouvement vers le front de mer, c'est un autre ami trini, le gars qui portait le tee-shirt de Noël 'The wind is free', qui a fait en sorte que les tomates voyagent avec le bateau. Alors voilà, les tomates sont bien arrivées, replantées, et j'espère bien en faire une salade très bientôt !
lundi 30 mai 2022
Par Agate le lundi 30 mai 2022, 14:33 - Saison 2022
Adieu Cob et Pilier, bonjour au figuier ! D'accord, c'est des mangues, mais ça rime aussi, hein ? Après plus de trois jours de voyage, quand même... et presqu'autant de remise au diapason local, j'ai fait le tour du bateau, et voilà le résultat !
J'ai essayé d'en refourguer aux voisins, ils ont pareil :)
Alors, on savoure avec délices...
Et, oui, je suis bien arrivée ! Rendez-vous dans le Pacifique !
dimanche 15 mai 2022
Par Agate le dimanche 15 mai 2022, 22:59 - Saison 2022
Oui, nous existons toujours, Nimic II et moi ! Ces dernières semaines, pourtant, j'étais loin, rentrée au port d'attache pour me défaire de mon appartement à l'Herbaudière, devenu plus un fil à la patte qu'un mouillage de fortune.
Il m'a fallu faire rentrer dans trois malles l'essentiel de cinquante ans de vie familiale et professionnelle...
trier les papiers pour garder l'absolument indispensable...
faire le tour de la famille et des amis...
la tournée de mes lieux favoris....
et même prendre le temps de glisser un bulletin de vote aux deux tours de l'élection présidentielle... Pour les législatives, j'en ai délégué la responsabilité à ma procurante habituelle, merci Claire !
Comme la loi française le prévoit, nous voilà maintenant officiellement SDF, et domiciliés à notre port d'attache, l'Herbaudière. Espérons que les deux sacs que je rapporte lourdement chargés entreront dans la soute à bagages !
La semaine prochaine, je rejoins Nimic à Chaguaramas pour les derniers travaux avant de tracer vers Panama. En attendant, j'essaie de me réveiller demain matin pour voir l'éclipse de Lune qui nous est promise !
PS : Pas d'éclipse, juste des nuages, beuh...!
dimanche 13 mars 2022
Par Agate le dimanche 13 mars 2022, 16:57 - Saison 2022
Difficile d'apprécier l'état de Nimic ces derniers jours... Il a tellement plu (une bonne averse toutes les cinq heures en moyenne) qu'il est impossible de prévoir la fin du chantier de peinture.
Certains travaux aboutissent quand même, comme le bitumage des fonds pour assurer meilleures protection et étanchéité... On m'a dit : it's a bit messy... ce qui s'appelle un understatement, héhé. Mais la matière première est une production locale, avec le plus grand lac naturel de bitume au monde, exploité déjà par les conquistadores pour leurs calfatages de coques, comme en témoigne un nom de mouillage dans le coin : Carénage en v.o. Alors...
Pour la peinture, le pont est donc à moitié fini, la coque n'est pas commencée. Alors je me vote une pause !
Et tant qu'à faire, je remplace le bitume trini ou yankee par du sirocco noirmoutrin
samedi 5 février 2022
Par Agate le samedi 5 février 2022, 14:55 - Saison 2022
Eh quoi...? Déjà février, et pas de voeux ? C'est que la nouvelle année nous a réservé quelques surprises. La capitaine s'est retrouvée secouée par une fièvre qui n'avait rien d'un Coronavirus, et Nimic II s'est transformé du jour au lendemain en passoire rouillée. Il faut dire qu'il y a cinq ans, pressée de naviguer, j'avais pudiquement recouvert de mastic les craintes de faiblesse de la voute jusqu'à l'étambot, là où les plus petites entrées d'eau salée se retrouvent coincées dans des réduits inatteignables par des individus normalement constitués. Ce qui provoque alors de la corrosion par l'intérieur. Cinq ans de répit donc, jusqu'à cette préparation à la peinture et ses jolis trous sous la flottaison...
Le temps de se remettre en forme et de dénicher l'artisan ad-hoc...
- Larry et ses dreadlocks, qui avait officié juste avant sur Nocciolino
(voir leur blog par Xavier et Babeth)
...puis de mettre en route et faire aboutir le processus de rénovation
...et le mois de janvier s'est écoulé comme un mirage.
Nous voici reconduits au stade précédent : le bateau est de nouveau en odeur de flottaison (merci Larry !) et il ne me reste plus qu'à faire la peinture, haha !
Ah, il y a quand même une bonne nouvelle pour 2022 : mon amie Nooria et ses enfants sont arrivés il y a quelques jours auprès de ses frères en Californie, après cinq mois de péripéties éprouvantes entre camps de réfugiés et avions surprise depuis sa fuite de Kaboul en août dernier. Merci à tou.te.s ce.ux.lles qui ont permis ce miracle.
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