Gagner Panama ou Cartagène ?

Si Nimic II faisait du tourisme, j'aurais mis au moteur depuis longtemps pour tenir les plannings. C'est comme un parcours à obstacles. L'arrivée à Panama se fait dans un marais barométrique, et avant on est à la merci d'avaries petites et grandes. On reparlera d'hydrogénérateur, de nourrice du moteur, de vétusté des boiseries ou encore de perte du feu de balcon babord : c'est toujours le même qui saute, lol. Le moral en dents de scie de la capitaine est tempéré par les splendeurs au jour le jour.
Au large de Cartagène, oct. 2022
Montagnes enneigées sur la côte de Colombie, oct. 2022
Cargo vers Panama ou Cartagène ?, oct. 2022
Pétole au large de Cartagène, oct. 2022
Prémisses de l'ouragan Ian au large de Cartagène, oct. 2022
Beautés du soir, espoir, oct. 2022
L'anecdote qui déchire. Pendant le passage du front de la perturbation qui s'est formée dans nos parages avant de se diriger vers la Floride, un couple de rapaces terrestres ressemblant à des busards a longtemps cherché à se poser dans la mâture. Sans succès. L'un des deux a dégringolé le long d'un hauban de l'artimon, se retrouvant coincé entre le bordé et les différentes cadènes, tout ébouriffé à cinquante centimètres sous mon nez, l'oeil hagard. Une photo ou de l'eau ? Je suis revenue avec une gamelle que j'ai poussée doucement vers lui... Dernière bouffée de panique et il a disparu au raz des vagues. L'autre est revenu une fois ou deux par la suite, comme pour chercher si son partenaire était encore dans le coin. L'anecdote qui réjouit. Une fois le coup de vent passé, c'est toute une famille de moineaux locaux qui est venue inspecter le bateau, histoire d'y prendre villégiature. Ils ont disparu avec la pétole.
Famille de fifis locaux en repérage, oct. 2022
Fifi numéro un, oct. 2022
Fifi numéro deux, oct. 2022
Fifi numéro trois, oct. 2022
Numéro un en inspection, oct. 2022
Numéro deux en vigie, oct. 2022
Oeil acéré pour numéro deux, oct. 2022
Numéro trois à la manœuvre, oct. 2022
Merci, on reviendra !, oct. 2022
Ensuite, j'ai retrouvé l'hydrogénérateur accroché dans ses bouts de sécurité parce que le piètement a de nouveau lâché (voir les épisodes précédents). Donc, plus de recharge de nuit, ou même de jour par temps couvert. Et là, en voulant remplir la nourrice journalière du moteur pour faire face à toute éventualité, j'ai constaté que la pompe est désamorcée. Solution d'urgence : pomper à la main depuis le réservoir principal du moteur dans un jerrican et le reverser dans la nourrice du moteur quand nécessaire. C'est possible, je l'ai fait...! Par calme plat, entièrement douchée au diesel à la fin de l'exercice, épuisée et stressée. Les défis de la navigation à la voile ?
Tentative d'escapade de l'hydrolienne (encore...), oct. 2022)
Tentative de remplissage de la nourrice, oct. 2022
Me voilà donc dotée d'une vingtaine de litres de réserve, environ sept heures de moteur, pour arriver à une prochaine escale technique, probablement Cartagène ! Il faudra que j'arbitre entre les recharges de batteries, les trajets tactiques pour s'écarter de la côte et les manoeuvres d'entrée de port. Et je me vois mal remplir la nourrice par mer agitée !
Trois jours plus tard, ça donne une route chaotique - parce que les ruptures d'alizé donnent aussi inversion du courant des Caraïbes, et tout ce que je gagnais grandiosement dans chaque grain se trouvait ramené à zéro dans la pétole qui suivait... C'est de la voile ! Merci à Mauritius Pride de nous avoir donné un amer dans le grain, et à Fassa de faire le spectacle dans la pétole !
Au Nord de la Colombie, 21 septembre, oct. 2022
Première nuit à reculons, 25 septembre, oct. 2022
Cargo Fassa sur bâbord, oct. 2022
Pour parer aux diverses avaries j'envisageais d'atterrir à Cartagène, la deuxième grande ville de Colombie, chargée d'histoire. Pourtant dès que le moral est remonté, ma détermination aussi, et nous voilà repartis vers Panama. Sauf qu'après le passage de la pointe Nord de la Colombie le contre-courant des Caraïbes revient du Yucatan au ras de la côte, jusqu'à deux noeuds en plein dans le nez des bateaux qui cherchent à accéder à Panama en route directe.
On s'échappe vers le Nord, oct. 2022
Grand manège panaméen, oct. 2022
En solo, à la voile c'est mission impossible : les quelques milles qu'on gagne péniblement au près quand ça souffle un peu sont immédiatement perdus dès que la pétole s'installe ! Il faudrait mettre au moteur quasiment les trois-quarts du temps. Nous voilà donc engagés dans le grand manège panaméen, qui prend par le Nord au travers de la boucle des courants et nous a enfin menés à Colon.
Navigation en boucle, 3 octobre, oct. 2022
On a trouvé le zéro courant, oct. 2022
Ca avance au vent de cale, oct. 2022
En point d'orgue à notre arrivée, le dernier jour de mer a été une merveille, avec la compagnie d'un banc de dauphins, un vent favorable et une mer presque lisse sous la belle lune !
Famille de dauphins pour l'arrivée, oct. 2022
Merci la compagnie, oct. 2022
Mais à peine franchie l'entrée de la zone du Canal, à Colon à deux heures du matin au milieu des cargos jeudi dernier, des trombes d'eau ahurissantes sont tombées pendant une heure, supprimant toute visibilité et faisant sauter la réception GPS. Impossible de se repérer. C'est un bateau de service du Canal qui nous a récupérés pour nous mener à la marina de Shelter Bay, tout à l'ouest de la baie.
On y est ! J'y ai retrouvé Timour et on se prépare à traverser :)
Seize jours de Curaçao à Panama, oct. 2022
Retrouvailles à Shelter Bay, oct. 2022
Sous la Lune à Shelter Bay, oct. 2022
Entrée du Canal vue du pont de Colon, oct. 2022
P. S. : Et entretemps, c'est sur, le blog d'Estelle qu'on a eu des nouvelles de Nimic II. Merci Estelle !

Commentaires

1. Le mardi 11 octobre 2022, 19:13 par Mikeno

Salut Gaït, en lisant tes dernières News, je constate que la vie à bord en voyage est une suite de moments merveilleux mais aussi de problèmes, même chose pour moi, depuis ma mise à l’eau en juillet, j’ai passé des moments merveilleux mais entrecoupés de problèmes plus ou moins sérieux, ça fait partie de l’aventure.
Bonnes nav et bon vents
Philippe

Agate : Salut Philippe et longue vie à Mikeno :) Oui, la liste des petites choses à faire s'allonge à chaque fois qu'on vient d'en régler l'une ou l'autre... Mais les grands bonheurs font tout oublier 

2. Le mercredi 19 octobre 2022, 16:26 par Maminou

Bravo pour ton exploit et le franchissement du canal!! Ça a du être une sacrée expérience. Merci pour tes belles photos et pour les partage de ton voyage.
Bises à toi.

Agate : Toujours fidèle, la cousine, merci ! Ca a été compliqué, mais une sacrée expérience, pffffff ! Maintenant; je suis en escale technique en... Colombie !