O rage !

Pas de photo de la nuit qui blanchit et des éclairs qui continuent à zébrer le ciel... Après quelques légers grondements vers six heures du matin, l'environnement se déchaîne quand le bateau prend brusquement trente degrés de gite sous le coup d'une violente rafale. Encore somnolente, je me rassure en réalisant que nous sommes poussés contre le ponton, vers l'est. D'ailleurs la bourrasque est immédiatement remplacée par des tonnes d'eau qui se déversent sur le port, et me tirent en urgence de ma couchette pour calfeutrer les différents hublots laissés ouverts cette nuit à cause de la chaleur. L'orage se déploie juste au-dessus de nous. Je coupe tous les branchements électriques du bord, et me dit - espère - que ce n'est pas encore aujourd'hui que j'expérimenterai l'effet Faraday... Les mats des beaux sloops tout autour sont plus hauts que ceux de mon ketch !

Après une quinzaine de minutes d'orchestration fulgurante, les cymbales faiblissent, les illuminations diminuent. Je me hasarde au panneau de descente pour examiner la direction que prend la colère du ciel, vers le nord. Dans un baroud d'honneur, l'orage me sert alors un violent éblouissement immédiatement suivi d'une percutante triple détonation. Le coup est tombé tout près, je suis presque surprise de voir debout le hangar de la SNSM. Je me promets de vérifier dès le lever du jour que Martroger est toujours à son poste ;)
Martroger après l'orage
Après vérification, Martroger et son feu rouge clignotant veillent fidèlement à l'entrée du port. Au loin se dessinent les lumières de Saint-Nazaire sous les zébrures muettes. Le bateau s'égoutte, l'air ne s'est pas vraiment rafraîchi. Peut-être pourrai-je continuer aujourd'hui les travaux de pont que j'ai entrepris hier...