Pure laine...
Par Agate le mercredi 18 août 2021, 19:31 - Saison 2021 - Lien permanent
...garantie par les mites, et hallal de surcroît ! Mes tapis afghans sont à la mode... non ?
Les news nous ressassent les oreilles de la prise de Kaboul par les talibans, revenus tondre la population une fois assurés que les rats avaient quitté le navire. Cela ne fait jamais que vingt ans que les connaisseurs de la problématique locale - liée à l'affrontement des
empires qui y jouent les gros bras - savent que la politique américaine est à côté de la plaque, tout comme la russe auparavant, et bien d'autres depuis trois mille ans en commençant par celle d'Alexandre le Grand.
Savez-vous pourquoi il n'y a pas de réseau de chemin de fer qui traverse l'Afghanistan, et pourrait alors permettre l'exploitation de ses ressources naturelles ? Vous donnez votre langue au Shah ? Parce que l'écartement des voies n'est pas le même à l'Est, frontière avec
l'empire indien héritier du système britannique, au Nord-Est, frontière avec la Chine, au Nord, frontière avec le système russe, et à l'Ouest, frontière avec l'Iran utilisant le standard européen. Il est impossible à l'Afghanistan de régler à lui seul la concurrence
politico-économique du monde. Les Afghans ne sont pas des barbares mais des humains comme vous et moi. Ils essaient juste de survivre au carrefour des empires, là où on n'a aucune chance si l'on n'est pas protégé par une tribu, et donc enfermé dans sa tradition. L'Etat-nation pensé par "le modernisme" est aveugle, imperméable à cette réalité. Mais les talibans sont comme des poissons dans l'eau dans ce fonctionnement. Ils attendaient juste que ça tombe.
Et donc, ce matin, pour me changer les idées car cela fait plusieurs semaines que je m'échine à trouver une sortie de secours à une amie afghane et ses deux jeunes enfants, je me suis lancée dans le ménage de la couchette supérieure du carré, qui sert pour l'instant de stockage au matériel de traversée: infirmerie, cartographie, kit de survie, boîte à pêche, etc... Je n'ai pas été déçue : un nuage volant a salué mon intrusion, et j'ai reconnu les insectes que j'avais pris pour de gros moustiques autour des lampes du soir, depuis que je suis rentrée à Cayenne... Des collections de leurs chrysalides sont incrustées dans les délicates broderies de mon tapis de touchak, ces nattes qu'on étend sur le sol le soir pour dormir.
J'avais donc eu un rat, de Lisbonne à Porto Santo. Et un poisson volant coincé dans les plis du ris de l'artimon, trouvé à mon arrivée en Guyane. À mon retour sur Nimic il y a un mois, j'ai aussi trouvé plusieurs nids de guêpes maçonnes, et maintenant un nid de lézards. Et ces mites, ça fait combien de temps qu'elles attendaient leur moment ? Depuis les Canaries, ou depuis que Nimic est arrivé en Guyane ? Impossible à dire vraiment, mais ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas assez aéré !
Bon allez... pour vous changer les idées (ne me remerciez pas, je sais...), voici un portrait de ma dernière copine, une aigrette léopard ! Une preuve que ce que je vous ai vendu pour un ibis bleu l'hiver dernier n'est en fait qu'une aigrette de couleur originale, et même que, le printemps étant passé par là, les deux peuvent se croiser, CQFD ! Une métaphore crédible pour la politique internationale ?
Commentaires
Plein de pensées pour tous ces afghans et aussi pour toi qui connaît bien ce pays.
Bises à toi et merci pour ton message bien clair sur le sujet.
Agate : Merci pour eux, cousine !
Bonjour Gait et merci pour ces explications concernant l'Afghanistan
Agate : Salut à Mikeno, et merci pour eux !
Bravo madame par le fait de vivre votre propre aventure.
Courage pour la suite.
Agate : Merci Paul !