Et (1), et (2), et (3), et (4)
Le dernier collage est encore en train de sécher. On croise les doigts. Comme
un cosmonaute à l'isolement pendant six mois dans un caisson au sol pour
renforcer sa résistance pour des vols spatiaux, me voici depuis plusieurs
semaines sur Nimic mouillé au milieu de la baie de Seixal, dans
l'attente de réparations indispensables et sans pouvoir descendre à terre.
Reliée au plancher des vaches uniquement par le miracle de mon téléphone
portable et sa connexion internet 4G, quoique bien pourrie dans cet
environnement. Ca permet de tester les vivres stockés en prévision de
navigations hauturières, salades de germes, compotes longue conservation et
autres légumineuses séchées.
Le lecteur assidu se souvient qu'en arrivant à Seixal j'ai fait une visite aux
séchoirs du banc de sable nord de la baie, soldée par une méchante estafilade
au boudin babord de l'annexe. C'était la dernière semaine de mai, et
l'événement avait déterminé Nimic à demander un mois sur coffre dans
le chenal, pour disposer du service de passage du marin du port. En cale sèche
j'avais fait une belle réparation... pensais-je ! J'avais utilisé la colle
PVC PU bi-composants (2) achetée à Noirmoutier sur les conseils de mon
shipchandler favori: "Mais non, c'est bien du PVC, votre annexe !", et j'avais
en outre commandé sur Internet un lot de patches en PVC pour compléter mon kit
de réparation (1), parce que d'autres déboires pouvaient surgir.
Et puis, début juillet, après deux ou trois semaines de remise en service, je
me suis retrouvée à souquer comme une malade sur les avirons pour arriver à
bord avant que le boudin babord de l'annexe ne soit complètement dégonflé. Ca
fuitait, sous la nouvelle pièce ! Il a suffi d'une légère traction sur un
coin pour constater que la colle était magnifiquement adaptée aux pièces, mais
absolument pas au matériau de l'annexe qui restait imperturbablement non-collé
Hypalon, donc ! J'ai fait une descente à Lisbonne
pour trouver un kit de réparation Hypalon (colle et pièces, 3) chez DND, le
shipchandler de Bélem. Puis retour au mouillage pour pratiquer le bricolage
correspondant, en suivant toutes les règles de l'art : pièce interne pour
garantir la forme, pièce externe débordant d'au moins cinq centimètres dans
tous les sens.
Je n'ai même pas eu à attendre de remettre à l'eau. Après trois jours de
séchage, un gonflage léger pour tester le collage a provoqué un écartement des
lèvres de la plaie, avec suintement purulent d'un liquide ressemblant bien plus
sûrement à du miel qu'à un quelconque produit adhésif. Le kit fourni était de
l'arnaque, et ne présentait d'ailleurs aucun sceau pour en garantir l'intégrité
ou la qualité. Tout était à refaire. Commander sur internet de la colle Hypalon
bi-composant (Chez BigShip, 4). Attendre le bon vouloir des livreurs locaux.
Trouver quelqu'un qui fasse la livraison à bord au milieu de la baie. Espérer
qu'on a enfin entre les mains les produits ad-hoc. Faire les manipulations.
Attendre. Prier pour que la transformation de pièces PVC en pièces adaptées
Hypalon par le truchement de la colle PVC soit une réalité plutôt qu'un
fantasme d'internaute. Attendre encore.
Et tester le résultat. Dans l'attente de l'heureuse confirmation de la réussite
de mes efforts, on peut se donner les quelques règles suivantes. Ne pas
confondre PVC et Hypalon. S'assurer que les produits sont adaptés. Ne pas faire
passer l'annexe dans des eaux douteuses. Et enfin, se réjouir d'avoir passé le
test, il y en aura d'autres :) Accessoirement, ces conclusions tendent à
expliquer pourquoi mes précédentes tentatives pour colmater les fuites d'eau du
plancher de l'annexe se sont révélées infructueuses...
dimanche 21 juillet 2019
Hypalon vs. PVC
Par Agate le dimanche 21 juillet 2019, 17:40